Le Montréalais David Luckow a une vocation fascinante. En tant que spécialiste des dépendances, il rencontre des personnes de tous horizons aux prises avec ce problème et les aide dans leur cheminement vers le rétablissement. Bien que la médecine familiale n’ait pas été son plan initial, sa vocation à aider les personnes en difficulté l’a guidé dans cette voie. Son approche sans jugement pour prendre soin de ses patients est inspirante, alors qu’il poursuit son travail d’éducation autour de cette maladie importante.
Au Canada, les dépendances les plus courantes sont liées à des substances, principalement au tabac, à l’alcool ou au cannabis. Plus de 15 % de la population a consommé du cannabis au cours de l’année écoulée et, en moyenne, 3 consommateurs sur 10 développent un trouble lié à l’usage du cannabis. En 2018, le cannabis est devenu légal dans toutes les provinces et tous les territoires pour les personnes de 18 ans et plus, faisant du Canada le deuxième pays à légaliser l’usage récréatif de cette drogue. Depuis lors, le Dr Luckow note que de plus en plus de Canadiens semblent consommer du cannabis.
« La légalisation a rendu le cannabis plus disponible et donc plus répandu. Il y a maintenant cette notion que le cannabis est banal, que ce n’est pas si mauvais pour vous », explique le Dr Luckow. « En tant que médecin, je peux dire que la consommation de cannabis a des conséquences importantes sur la santé. C’est une vraie drogue, et les risques sont bien présents, surtout en matière d’addiction. »
La dépendance est une maladie
La société dans son ensemble n’a généralement pas beaucoup de sympathie à l’égard des personnes aux prises avec une dépendance, qu’on perçoit souvent comme de l’auto-sabotage. L’idée reçue qui veut que ces personnes choisissent de se faire du mal cause ainsi une stigmatisation qui complique le rétablissement des personnes atteintes.
« Les personnes aux prises avec une dépendance souffrent d’une maladie physiologique qui prend le contrôle de leur corps. Le circuit de la récompense dans le cerveau est détourné et le soulagement de la douleur se produit par des habitudes qu’elles ne peuvent pas contrôler », explique le Dr Luckow. « Lorsque vous êtes dépendant, votre corps a besoin de la substance et a toujours hâte à la prochaine dose. Ça devient une compulsion. »
Le Dr Luckow compare la dépendance aux besoins primaires comme manger et se reproduire, auxquels nous sommes tous habitués. « Même après le rétablissement, la maladie demeure. La serrure et la clé moléculaires ne changent pas : c’est pourquoi la rechute est presque inévitable lorsqu’on revient à une consommation occasionnelle après avoir arrêté », note le Dr Luckow.
Nous avons tous des mécanismes d’adaptation
La pandémie a montré que nous avons tous nos filets de sécurité face au stress, à l’isolement social et à la fatigue. Nous nous tournons tous vers nos propres mécanismes d’adaptation pour nous sentir mieux, qu’il s’agisse de manger du chocolat, de parcourir les réseaux sociaux ou de fumer une cigarette. « Il est normal d’éviter le stress, nous voulons tous nous sentir bien et éviter la douleur », explique le Dr Luckow. « Dans le fond, nous sommes tous programmés de la même manière parce que c’est la façon dont la nature nous protège. »
Quand il est question de dépendance, l’image des Alcooliques anonymes ou de l’itinérance vient souvent à l’esprit. Pourtant, la dépendance peut aussi présenter un visage plus « socialement acceptable », en ce sens qu’elle ne met pas la vie en danger, tout en ayant un impact important. « La cyberdépendance est en hausse chez les jeunes », note le Dr Luckow. « Chez ceux qui vont chercher de l’aide, l’utilisation moyenne est de 55 heures par semaine. C’est une dépendance comportementale, au même titre que la dépendance au jeu, et il existe des programmes bien établis pour la traiter. »
Lorsqu’on lui demande s’il existe certaines dépendances qui sont plus faciles à traiter que d’autres, le Dr Luckow répond pensivement : « celle que vous avez est la plus difficile à traiter ».
La mission du Dr Luckow, que ce soit dans un centre de réadaptation ou dans une classe universitaire, consiste clairement à mettre fin à la stigmatisation entourant la dépendance et à jeter des ponts entre les communautés vulnérables et le secteur de la santé. Sa présence à la fois comme première ligne de contact pour les patients et dans les plans de traitement à long terme démontre à quel point son travail a un impact réel sur la vie des gens. Continuez votre excellent travail, Dr Luckow!
Si vous souhaitez plus d’informations, n’hésitez pas à contacter le Dr Luckow par david.luckow [at] mail.mcgill.ca (courriel) ou .