Quand on a annoncé, le 24 avril dernier, que Krzysztof Pelc était le lauréat du , nul n’était plus étonné que le gagnant. « C’est tout un choc », a-t-il confié à ²»Á¼Ñо¿Ëù dans la ville quelques heures à peine après l’annonce de la bonne nouvelle. Le mot "désarçonné" est synonyme de "déconcerté" et de "dérouté"… Je suis entre ces états. »
La nouvelle de Krzysztof Pelc, , lui vaut une bourse de 6 000 $ du Conseil des arts du Canada et une résidence d’écriture au Centre des arts de Banff. Son histoire sera également publié sur le site .
Évidemment, voir ses écrits publiés – en sus d’ouvrages d’érudition – n’a rien de neuf pour le lauréat. Ce titulaire de la chaire de recherche William Dawson et professeur agrégé du Département des sciences politiques de l’Université ²»Á¼Ñо¿Ëù a déjà publié dans le British Journal of Political Science, le Journal of Conflict Resolution, le Washington Post et la Literary Review of Canada. Expert en économie politique mondiale, M. Pelc se concentre sur les règles internationales – « ce drôle de phénomène qui se produit quand des gouvernements restreignent leurs comportements », précise-t-il.
Griffonnages en marge
Si Krzysztof Pelc émerge en qualité d’auteur de fiction, il n’en est pas à ses premières armes. « Je me passionne pour la littérature. Les sciences sociales représentent ma quête universitaire et mon travail, mais, ce qui m’enthousiasme plus que tout depuis l’enfance, c’est la littérature, ajoute-t-il. J’ai toujours griffonné dans mes temps libres. »
Né à Varsovie, ce Polonais d’origine qui vit à Montréal depuis 2010, a grandi au Québec. Il a grandi en français, et s’est mis à la fiction en anglais ces dernières années.
« Curieusement, c’est très libérateur, souligne-t-il. En anglais, je ne me sens pas complexé, justement parce que ce n’est pas ma langue maternelle. Je ressens davantage de liberté. »
Compte tenu de ces antécédents linguistiques, rien d’étonnant que le premier ouvrage de fiction de Krzysztof Pelc présenté ait exploré le thème de la langue. En 2017, s’est retrouvé dans la liste des candidats pressentis pour remporter le Prix de la nouvelle de la CBC. L’année suivante, l’auteur a vu sa nouvelle, , figurer parmi les œuvres retenues au concours en français. « Cette année, je crois que j’ai été chanceux », dit-il en souriant.
Des quêtes complémentaires
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Krzysztof Pelc considère qu’il y a peu de différence entre écrire des textes en lien avec ses recherches ou écrire de la fiction
« S’il est tentant de voir le tout comme l’activation d’un interrupteur pour faire quelque chose de très différent, dans les faits, mes activités sont très complémentaires, ajoute t il. La fiction est un exercice de persuasion et de description de personnages dans un récit. Je crois qu’on peut dire la même chose des écrits universitaires. Je répète la même chose à mes étudiants de premier cycle : créez un bon puzzle qui déroutera les lecteurs. »
L’auteur est d’avis que, plus que jamais, les intellectuels comprennent la valeur d’une histoire bien ficelée, puisqu’ils se livrent concurrence pour gagner la faveur des lecteurs d’un marché saturé.
« Les scientifiques, les spécialistes des sciences sociales et les universitaires conviennent à tout le moins que nous devons raconter de bonnes histoires, ajoute t il. Nous nous mesurons à d’autres qui ne sont plus confinés à la vérité et qui livrent eux mêmes des récits intéressants. Nous avons le devoir de faire entendre nos voix. »
Habitudes d’écriture
La formation de l’auteur à titre d’universitaire s’est révélée très bénéfique pour la rédaction de récits fictifs. Contrairement à nombre d’auteurs réputés qui se sont heurtés de plein fouet au syndrome de la plage blanche – de Samuel Taylor Coleridge à Truman Capote – Krzysztof Pelc n’a pas eu ce malheur.
« Un des très grands avantages de l’universitaire, c’est qu’il n’a pas à attendre que l’inspiration frappe pour traiter de l’article 19 de l’ALÉNA. Il a l’habitude de s’asseoir et d’écrire, dit-il. J’agis de la même manière avec mes écrits fictifs. Quand je trouve le temps – et c’est là que réside tout le défi parce que j’écris également pour gagner ma vie à titre de professeur – je m’y prends le matin avant que ma femme s’éveille et que la journée commence.
Ce prix est fabuleusement encourageant et j’aimerais pouvoir continuer à mener de front mes deux activités, en profitant de mes petits matins pour griffonner en marge. »
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