Le parcours de Jim Mulcahy vers le bénévolat en soins palliatifs s'est déroulé, comme il le décrit, « comme s'il montait une échelle où un pas menait au suivant, mais rien de tout cela n'a été conçu par moi-même ». Ce parcours a commencé de la manière la plus cataclysmique qui soit. La vie de ce professeur d'anglais et d'art dramatique au lycée a changé à jamais lorsque les douleurs d'une « année stressante » se sont révélées être un cancer avancé. Pire encore, la femme de Jim a commencé à montrer des signes de la maladie de Huntington, dont trois de ses quatre enfants allaient hériter. Une réaction en chaîne de périodes de deuil s'est alors enclenchée, ainsi qu'un cycle sans fin de soins et de prise en charge.
C'était la prise en charge qui a attiré Jim. Après tout, il est « prédisposé par sa personnalité et son éducation catholique irlandaise à rendre service ». Mais c'est l'expérience de sa maladie et de son traitement qui l'a finalement poussé à diriger son énergie vers l'extérieur, d'abord à contrecÅ“ur. « À la fin de la chimiothérapie pour mon premier cancer, je n'avais absolument pas envie d'aller à l'hôpital », admet Jim. « Je me suis réfugié dans la prise en charge de Sarah. Ce refuge a duré quinze ans, au cours desquels on lui a diagnostiqué un deuxième cancer qui a mis fin à sa carrière. Jim est devenu le principal soignant de Sarah et ils ont assisté à son déclin progressif. « Sarah est morte au ralenti », explique Jim, qui ne cache pas son horreur. « C'était une lente crucifixion. Il faudra attendre deux ans après le traitement du cancer pour que Jim se sente prêt à revenir en tant que ²úé²Ôé±¹´Ç±ô±ð. Il y met à profit ses compétences de soignant, d'auditeur et de dramaturge pour réconforter les patients et leurs familles. Des opportunités ont commencé à se présenter, notamment une invitation à une conférence sur les soins palliatifs, la publication de l'histoire de sa famille en tant que ressource du Portail canadien en soins palliatifs, ainsi que l'écriture, la mise en scène et la production d'une pièce de théâtre avec un groupe d'adultes vivant avec la schizophrénie. Chaque nouvelle expérience lui a permis de nouer des liens avec des professionnels de la santé et, plus important encore, l'a encouragé à trouver et à utiliser sa voix.
Il en aura besoin. La tragédie a de nouveau frappé lorsque, quelques années après la mort de Sarah, sa relation avec sa nouvelle compagne, Anya, a été interrompue par un diagnostic soudain de glioblastome. Sa mort a été aussi rapide que celle de Sarah, puisqu'elle est survenue moins d'un mois après l'annonce du diagnostic. Pour ne rien arranger, Jim a reçu son troisième diagnostic de cancer quelques semaines plus tard. Pourtant, malgré le poids de ce barrage de pertes, il poursuit son travail de défenseur des patients et de ²úé²Ôé±¹´Ç±ô±ð en soins palliatifs. Le cycle des soins persiste.
J'ai demandé à Jim comment la persévérance était possible. Il m'a posé une autre question : « Il m'a révélé que la réponse ne résidait pas dans les voyages, le golf ou la viticulture, mais dans le fait de « [vivre] en relation avec des personnes qui enduraient ce que j'avais enduré, mais dans les derniers instants de ce pèlerinage ». Les mots de Theodore Roethke résument bien la situation : « Je me réveille pour dormir et je me réveille lentement [...]. J'apprends en allant là où je dois aller ».
Bien que Jim hésite à parler des aspects techniques des soins palliatifs, il peut offrir ce que la Dre Joan Halifax, prêtre bouddhiste et professionnelle des soins palliatifs, appelle le « cÅ“ur compatissant ». Son conseil aux ²úé²Ôé±¹´Ç±ô±ðs en soins palliatifs est d'offrir ce « cÅ“ur compatissant » par le biais d'une « écoute attentive, d'une écoute gracieuse et non intrusive ». Il ajoute qu'il s'agit là de « la base du travail d'un professionnel médical en soins palliatifs, mais surtout d'un ²úé²Ôé±¹´Ç±ô±ð ». L'écoute profonde et compatissante transforme les patients en fin de vie. Au fur et à mesure qu'ils perdent leur autonomie, le travail de réhumanisation devient essentiel. Les ²úé²Ôé±¹´Ç±ô±ðs en soins palliatifs se trouvent alors dans une position où ils peuvent offrir quelque chose de monumental : « On vous offre souvent le privilège d'écouter leurs histoires et, grâce à cette écoute, d'établir une relation bienveillante. Lorsque vous écoutez, honnêtement, avec bienveillance, vous affirmez la valeur inhérente de chaque individu dans toute sa complexité à un moment où sa vie est en train de s'éteindre, vous avez la capacité, par le biais de votre écoute, d'affirmer la dignité ultime de cette personne allongée dans son lit, avec toutes ces lignes qui entrent en elle et le chagrin dans ses yeux, et c'est un énorme cadeau que d'avoir ces moments... c'est un moment d'humanisation. »
Jim Mulcahy espère que son discours sera utile aux soignants et à ceux qui ont besoin de soins, « que mes histoires trouveront un écho significatif auprès des membres de l'auditoire, créant au moins un moment de communauté, de réconfort et d'encouragement face à ces temps difficiles ».
La conférence de Jim Mulcahy, intitulée « Le cÅ“ur du problème : Réflexions personnelles sur le fait de soigner et d'être soigné », s'inscrit dans le cadre de la série nationale Grand Rounds de Palliative Care ²»Á¼Ñо¿Ëù. Elle aura lieu en personne à l'Hôpital général juif de Montréal et en ligne le 26 mars, de 12 h à 13 h (HNE). Si vous n'êtes pas encore inscrit, il n'est pas trop tard. Cette conférence sera donnée en anglais, avec sous-titrage en direct en français pour les participants en ligne.
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Halifax, J. (2011). Being with Dying: Cultivating Compassion and Fearlessness in the Presence of Death. Shambhala Publishing.
Roethke, T. (1953). The Waking. https://www.poetryfoundation.org/poems/43333/the-waking-56d2220f25315