À l’occasion du Mois de la sensibilisation à l’épilepsie, en mars, et la Journée Lavande, le 26 mars, l’Institut et Hôpital neurologiques de Montréal (Le Neuro) braque les projecteurs sur une maladie qui touche un Canadien sur 100, dont près du tiers sont des enfants.
Le Neuro est à l’avant-garde du traitement de l’épilepsie et de la recherche dans ce domaine depuis plus d’un demi-siècle. Dans les années 1940, son fondateur, le Dr Wilder Penfield, et ses collègues ont mis au point « la procédure de Montréal », traitement chirurgical utilisé encore aujourd’hui partout dans le monde.
Chaque année, la Clinique de l’épilepsie du Neuro offre des services à quelque 3 000 patients hospitalisés ou externes. La Clinique repose sur une équipe multidisciplinaire composée d’épileptologues, de neurochirurgiens, d’infirmières, de neuropsychologues, de neuropsychiatres, de travailleurs sociaux, de technologues en électroencéphalograhie (EEG), d’infirmières cliniciennes et de responsables de cas.
Qu’est-ce que l’épilepsie?
L’épilepsie est un trouble neurologique caractérisé par des crises qui sont l’expression clinique de décharges électriques soudaines et transitoires dans le cerveau. L’épilepsie est attribuable à diverses causes : malformations qui se produisent au cours du développement cérébral, formation de tissu cicatriciel à la suite d’un traumatisme crânien, forte fièvre et convulsions prolongées au cours de la petite enfance, traumatisme à la naissance, accident vasculaire cérébral ou tumeur.
Le tiers des épileptiques souffrent de crises qui résistent à tous les médicaments. Chez ces patients, la résection chirurgicale des tissus cérébraux à l’origine des crises est la seule option thérapeutique qui permet de maîtriser efficacement les crises et d’améliorer la qualité de vie.
Des facteurs externes tels que des lumières stroboscopiques peuvent déclencher les crises, tout comme des facteurs personnels, dont la fatigue, la maladie, la faim ou le stress émotionnel.
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Nouvel atlas du cerveau
Le Neuro figure parmi les premiers instituts à avoir utilisé l’électroencéphalographie (EEG) pour enregistrer l’activité électrique du cerveau. Chez les patients épileptiques en attente d’une intervention chirurgicale, des électrodes placées sur le cuir chevelu recueillent des données permettant de cibler les lésions épileptogènes. Les spécialistes interprètent les résultats de l’EEG en les comparant à ceux obtenus chez des personnes en bonne santé.
Chez certains patients, les électrodes sont implantées dans le cerveau. Or, les spécialistes ne disposaient d’aucun atlas de référence montrant l’activité EEG dans les zones profondes du cerveau sain. Un tel atlas a récemment été conçu dans le cadre d’un projet multicentrique international regroupant plusieurs chercheurs du Neuro : Birgit Frauscher, Jean Gotman, Nicolas von Ellenrieder, André Olivier, Jeffery Hall, Christine Rogers et François Dubeau.
Pour créer cet atlas, les chercheurs ont recueilli les données d’EEG de 106 patients au moyen d’une méthode normalisée, puis les ont compilées. Grâce à ce nouvel outil, les spécialistes peuvent maintenant comparer l’activité cérébrale normale et celle enregistrée en milieu clinique ou expérimental. L’atlas est particulièrement utile, car il permet de mesurer les oscillations à haute fréquence dans certaines régions cérébrales et de préciser le seuil des valeurs normales. Au-delà de ce seuil, les valeurs sont maintenant considérées comme pathologiques. Les chercheurs étudient la façon dont ils pourraient recourir à ces oscillations à haute fréquence comme biomarqueur afin de déterminer le siège du foyer épileptique.
L’atlas est accessible à tous sur le Web, ce qui témoigne une fois de plus de l’adhésion sans réserve du Neuro aux principes de la science ouverte. Pour accéder à l’outil, visitez le .
Des articles scientifiques sur le nouvel atlas ont été publiés dans la revue Brain, le 1er avril 2018 ainsi que dans le numéro de septembre 2018 de la revue Annals of Neurology.
Les spécialistes de l’épilepsie au Neuro
Neurologie
Dre Eva Andermann – Clinicienne-chercheuse dont les travaux sont axés sur les facteurs génétiques sous-tendant l’épilepsie et ses syndromes.
Dr Andrea Bernasconi – Clinicien spécialisé en neuroimagerie de l’épilepsie.
Dr François Dubeau – Neurologue spécialisé dans le traitement des patients atteints de syndromes épileptiques réfractaires.
Dre Birgit Frauscher – Neurologue spécialisée dans l’électrophysiologie de l’épilepsie et du sommeil.
Dre Eliane Kobayashi – Neurologue qui applique la neuroimagerie fonctionnelle à l’étude des foyers et des réseaux épileptiques.
Dr Martin Veilleux – Neurologue et chef du groupe de recherche clinique sur l’épilepsie.
Neurochirurgie
Dr Jeffery Hall – Neurochirurgien dont les travaux de pointe portent sur l’exploration des foyers épileptiques par l’insertion robotisée d’électrodes intracrâniennes.
Dr André Olivier – Doyen des neurochirurgiens canadiens spécialisés dans l’épilepsie; il a pris sa retraite en 2018.
Recherche
Dr Massimo Avoli – Chercheur qui étudie les réseaux neuronaux afin de comprendre les mécanismes sous-jacents de la genèse des crises chez des patients épileptiques et de mettre au point de nouveaux antiépileptiques. Il est le lauréat du prix Michael 1995, prestigieuse récompense internationale « visant à souligner les meilleurs travaux de recherche scientifique et clinique favorisant l’essor de l’épileptologie ».
Dre Neda Ladbon-Bernasconi – Chercheuse qui utilise des techniques d’IRM de pointe pour étudier les fondements biologiques de l’épilepsie. La Dre Ladbon-Bernasconi est la cofondatrice du Laboratoire de neuroimagerie de l’épilepsie.
Boris Bernhardt, Ph. D. – Chercheur dont les travaux sont particulièrement axés sur les liens entre la structure cérébrale et la cognition. Il est le lauréat du Prix Michael 2017, prestigieuse récompense internationale « visant à souligner les meilleurs travaux de recherche scientifique et clinique favorisant l’essor de l’épileptologie ».
Jean Gotman, Ph. D. – Chercheur qui utilise une combinaison de techniques d’imagerie fonctionnelle et d’électroencéphalographie pour étudier les sources de l’activité épileptique dans le cerveau. En 2019, le Dr Gotman a reçu le Prix Herbert H. Jasper de la Société américaine de neurophysiologie clinique, octroyé annuellement à un scientifique afin de souligner « l’ensemble de ses réalisations dans le domaine de la neurophysiologie clinique, dont la recherche, l’enseignement et le mentorat. » Ce prix a été créé en l’honneur d’Herbert Jasper, éminent scientifique au Neuro et pionnier de l’EEG.