Pedro Mejia est travailleur social au sein de l’équipe du Programme des tumeurs cérébrales du Neuro. Mejia explique ses journées de travail et comment il fait de son mieux pour accompagner, comprendre et rassurer le patient dans la maladie.
Comment avez-vous choisi votre spécialité ?
J’ai commencé à travailler au Neuro en août 2000 pendant dix ans avant de prendre une pause. Je voulais peaufiner ma formation pour y revenir mieux outillé. J’ai une maîtrise en administration de la santé ainsi qu’un diplôme d’études supérieur en éthique clinique. À un certain moment j’ai même pensé faire de la recherche.
Cependant, avec le temps et avec l’expérience, je me suis rendu compte que c’est le travail auprès des patients du Programme des tumeurs cérébrales qui m’apporte le plus du point de vue professionnel et personnel. Je suis donc revenu à la clinique du Programme en avril 2017. J’y travaille depuis avec une équipe multidisciplinaire qui prend en charge les patients qui ont été diagnostiqués avec une tumeur cérébrale.
À quoi ressemblent vos journées de travail ?
Ma journée commence souvent à 7 h 45. Je revois d’abord la liste des patients pour déterminer lesquels ont été vus et par qui. Je prends en charge les patients qui me semblent les plus urgents. Je vais ensuite aux étages pour me renseigner auprès des professionnels de mon service, des neurochirurgiens et des infirmières. Une fois que j’ai pris note de tous les renseignements pertinents au dossier, et discuté du cas avec les différents professionnels du Programme, je passe à l’étape suivante qui est d’aller voir le patient, ou s’il n’est pas disponible, ou est dans un état qui ne lui permet pas de répondre à mes questions, je contacte sa famille.
Ensuite, avec l’équipe, on s’attèle à la gestion des congés des différents patients. Ça comprend une analyse psychosociale de la situation. On me demande de faire une évaluation, qui consiste à dresser un portrait sociodémographique du patient, déterminer ses forces et ses faiblesses, recenser son réseau de soutien personnel, en indiquant quelles sont les personnes ressources essentielles avec lesquelles le patient vit ou qui peuvent lui venir en aide.
Quel impact votre travail a-t-il dans la vie des patients ?
Je dois évaluer plusieurs aspects du patient. Notamment la façon dont le patient se porte, son état mental son bien-être émotionnel. Mais aussi la façon dont le patient appréhende la maladie, comment il perçoit sa propre maladie, et son estime de soi. Un autre paramètre important concerne son image corporelle, nous savons que les tumeurs cérébrales peuvent affecter physiquement la personne. J’interviens pour essayer de comprendre la situation du patient, mais aussi pour tenter de le rassurer.
Mon objectif principal est d’améliorer la qualité de vie des patients. On comprend bien à quel point un diagnostic de tumeur cérébrale peut être très déstabilisant pour eux. Et, dans mon cas, je ne vois que des patients qui souffrent de tumeurs cérébrales malignes. Ça ajoute une difficulté supplémentaire à mes interventions.
Comment collaborez-vous au sein de votre équipe pour aider les patients ?
Je travaille au sein d’une équipe multidisciplinaire, très étroitement avec le neurochirurgien, mais surtout avec l’ergothérapeute, le physiothérapeute et les infirmières. Nous sommes en contact direct tous les jours, pour voir comment la situation du patient évolue, et déterminer, par exemple, s’il peut retourner à la maison avec les services de CLSC, ou s’il va plutôt passer en réadaptation, à l’interne ou à l’externe.
Je joue aussi un rôle important de collaboration auprès des familles de patients. Je suis à la fois une personne liaison entre l’équipe médicale et la famille, et entre l’équipe médicale et le patient. C’est indispensable, car les neurochirurgiens sont extrêmement occupés. Ils passent bien entendu voir les patients avant leur intervention, mais quelquefois, lorsqu’ils sont en salle d’opération avec le patient, l’anxiété monte, et tout à coup la famille se rend compte qu’elle a des questions qu’elle a oublié de poser au médecin. Je suis dans ces cas-là une personne ressource et je peux, par exemple, communiquer avec le neurochirurgien ou avec les autres membres de l’équipe par texto ou par courriel, et signaler l’urgence de la situation pour la famille.